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Amazonie Bolivienne

Santa Cruz

    Arrivés à Santa Cruz de la Sierra par une chaleur moite, nous sommes surpris le soir venu d'une fraîcheur inattendue sous ces latitudes. On passe allègrement du tee-shirt au pull. Ici la température peut varier de 35° C à 10° C en quelques minutes, si le vent vient du Nord ou de l'Est, il fait chaud, s'il vient du Sud, il fait froid. En fait il s'agit d'un courant d'air polaire remontant de la Patagonie à travers l'Argentine qui en longeant la Cordillère des Andes arrive tout frais ici. La ville, capitale de l'Oriente, semble de peu d'intérêt touristique, beaucoup de monde et d'embouteillages dans cette cité qui ne tardera pas à devenir plus importante que La Paz ( 1,2 million d'hab. ). Le climat y est beaucoup plus doux et la "proximité" du Brésil favorise son développement industriel, de plus un gisement de gaz découvert il y a quelques années génère un chantier titanesque. Un gazoduc énorme va traverser les marécages du  Pantanal puis saigner l'Amazonie Brésilienne jusqu'à Sao Paulo, mégalopole à quelques 1500 km. Le chantier déjà en cours s'avère extrêmement difficile compte tenu d'une forêt dense, les arbres ont peut-être encore une chance de salut ! Souhaitons qu'il en advienne de même que pour le chemin de fer trans-Brésil qui n'a jamais pu voir le jour. Les schémas de développement économique sont encore à inventer, dans le respect d'un environnement exceptionnel mais hostile. 

    Santa Cruz c'est aussi la route du Che... venu ici pour essayer de lever des troupes, ce fut le voyage de trop. Sur son carnet de bord, inexorablement on retrouve chaque soir " Le contact n'a pas pu s'établir avec la population ...",tel une litanie. La suite on la connaît trop bien, les boliviens aussi.

    A proximité de Santa Cruz, les missions jésuites, les conquistadors dans leur progression vers le Sud se sont heurté à des guerriers Kechuas dans les marais du Pantanal. Là où l'armée a échoué, la religion a gagné... Devant la difficile progression de son armada, la couronne Espagnole prit la décision d'évangéliser la région, et ce fut un succès complet. Il en reste de sublimes églises au charme vieillot.

Trinidad

    Petite cité du Béni, avec un aérodrome minuscule presque au milieu du village. Très pauvre, pas d'eau courante, pas d'électricité non plus, un groupe électrogène alimente le centre ville pendant quelques heures le soir... des fois. Une place charmante autour de laquelle, la nuit venue, tourbillonnent des nuées d'adolescents en mobylette d'une autre époque. Petits bouchons de 6 ou 7 ans cireurs de chaussures aux pieds nus qui regardent désespérément nos baskets de toile. Un plat local, le Pico Macho, sorte de salade variée et relevée à la mode bolivienne accompagnée de riz et de frites, succulent. On jette les eaux de rinçage dans les rues pour éviter la poussière mais la lutte est difficile et l'eau rare... alors la poussière gagne et pénètre partout. Des gens fort sympathiques qui n'hésitent pas à nous interpeller.

    La route pour San Boja devait être facile, à peine 130 kms de piste selon les livres guides. La veille du départ, nous choisissons minutieusement le micro-bus Nissan qui nous semblait le moins pourri, et 4x4 selon la duena de "Cruz del Oriente", 8 heures de trajet devaient faire l'affaire. Le départ fut assez cool, en tant que gringos, seuls blancos à bord, nous avons droit à des places assises, le luxe quoi... à quelques km de notre départ la piste se resserre et prend des allures de toboggans, paresseux dans les arbres, génial... La pluie tombée 2 jours avant n'avait pas séché, quelques centimètres de cette boue "amazonienne", grasse et collante, sont suffisants pour rendre la conduite très, très approximative. Le chauffeur ( ici on les appelle les maestros ) aidé de son co-pilote fait de son mieux... Finalement, pour éviter une piste qu'on nous annonça encore "mas mala", on grimpe le micro-bus sur un bac. Rien à voir avec l'île de Ré d'avant le pont !... Une sorte de barge de bois poussée par un minuscule bateau à moteur. L'embarquement fut assez sportif, la berge due être emménagée à la pioche mais cela semblait très habituel... La "croisière" sur le rio Mamore dura quelques heures, bancs de sable, quelques frayeurs mais surtout une chaleur très forte. Les autochtones eux-même souffraient à s'asperger de l'eau boueuse du rio. Ce fut l'occasion de discuter longuement avec nos co-équipiers occasionnels. Presque tous vivaient à San Boja et étaient descendus à Trinidad pour faire quelques emplettes. Le débarquement fut aussi sportif que l'embarquement, un choc sur le pont fit quelques dégâts... qu'importe, une savonnette et de la poussière vinrent à bout de la fuite d'huile.. et vogue la galère. Une averse nous clouât pour la nuit dans le village de San Ignacio, le bout du monde, nous n'étions même pas à 60 kms de Trinidad et cela avait nécessité une journée complète !...  La soirée fut fort agréable, petites brochettes de viande dans la rue à la gargote d'une jeune bolivienne, peu de mots mais beaucoup de sourires complaisants.

    Le lendemain nous retrouvions notre piste-toboggan et après pas mal d'incidents mécaniques et pas mal de poussage du micro-bus qui finalement n'était plus un 4x4 depuis belle lurette, après aussi l'aide  décisive de ganaderos avec leurs chevaux pour nous tirer d'une mouillère un peu trop profonde, nous arrivions à la réserve bio-sphérique du Béni ( à 30 km avant San Boja ), enfin !

Réserve bio-sphérique du Béni

 Un halo de paix, de calme et de tranquillité, le gouvernement Bolivien a créé ici ce qui pourrait devenir une espèce d'université mondiale des écolos, bravo !... Ici des étudiants étudient et des chercheurs cherchent, nous on est là juste pour voir les oiseaux. Une jolie chambrette qui nous change de la nuit passée à San Ignacio, une douche, des toilettes ... le luxe ! pas d'elec. pas d'eau chaude ... bien sûr. Mais un paradis sur terre, le soir des centaines de perroquets viennent dormir sur les palmiers tout près des dortoirs, on peut les observer depuis un mirador-citerne d'eau. On ramasse les pamplemousses sur l'arbre, on savoure de succulents petits plats mitonnés par une indienne Chimano d'une communauté d'à côté. Nous faisons un trek dans la Pampa, découverte du milieu, peu d'animaux pour cause de vent selon notre guide. Toutefois une randonnée intéressante dans les hautes herbes, les pieds dans l'eau, de bosquet en bosquet. Nous découvrons le Mutako, palmier miracle  avec lequel on bâtit des maisons, on tisse des tissus, on fabrique des arcs et des flèches. On peut même manger ses pousses et ses fruits, on a essayé, cela s'appelle un massaco, une sorte de purée de fibres avec du saindoux et des morceaux de boeuf séché... assez particulier mais trois jeunes américains ont apprécié vraiment. 

    Nous poursuivons notre route vers San Boja, c'est un samedi soir, et ça guinche terrible jusqu'à une heure avancée de la nuit. Hamacs, confort sommaire à l'hospedaje mais encore beaucoup de chaleur humaine. Sur la place du village un groupe de Jéhovas genre Lequenois se tape un boeuf avec mégaphones et mamies endimanchées... sourire. Nous réservons un bus pour Rurrenabaque pour le lendemain matin...

Rurrenabaque

    Le départ du bus devait avoir lieu à 9 heures, nous sommes sur place avec 3 autres routards, un belge, un suisse et une canadienne et deux ou trois locaux... petit déjeuner cool. La duena nous dit qu'il est impossible de faire un bus compte tenu de trop petit nombre de voyageur... aie ... Aprés moult discussions nous voyons arriver un camion pourri de chez Pourri, nous prenons tous un air perplexe et il s'en va comme il était venu, sans discuter. Un chauffeur et son micro-bus arrivent , la duena lui explique qu'ils "doivent" nous aider... très touchant ! " Tenemos a ayudar ellos" ... aie, des fois ça fait mal d'être européen, en France, qui aurait fait la même chose ?.. glurpss, on avale le deuxième tit déj et on s'entasse à l'arrière. Le chauffeur nous a prévenu " se necessita empujar, el camino esta muy feo ... ", ça on connaît déjà. Et s'était vrai... Arrêt dans un petit marché fort tipico, changement de véhicule pour un 4x4 Toyota, on s' assied à l'arrière sur des planches posées en travers des ridelles, ça muscle les fesses !. Peu de temps après nous comprenons la manoeuvre, la piste est carrément défoncée. Ce fut une galère assez éprouvante pour avancer dans la boue et les ornières pleines d'eau. Passages de guets impressionnants, jusqu'à une mouillère ou nous aurions pu rester ad eternam, là  des enfants opportunistes avaient pris position et vendaient des pomelos. Et pour cause ! Il était absolument impossible de traverser sans aide, même les gros camions s'enlisaient dans la glaise. "Empujar" s'avéra insuffisant... un camion nous tira de l'embarras avec un câble... ouff! Nous sommes arrivés à Rurre la nuit tombée, joli petit hôtel avec d'adorables cafards big size. 

Jungle Trek

       Rurre c'est un peu le rendez-vous des routards en partance pour des treks dans la jungle et dans la Pampa. Beaucoup d'agences proposent des tours de 3 ou 4 jours pour un prix dérisoire. Nous avons choisi le trek "Pampa" trois jours, deux nuits en camp. Nos amis belge et suisse viennent avec nous. Nous sommes un petit groupe de 5 gringos, un guide et un cuisiner. Nous embarquons sur une pirogue et déjà les crocos pointent leurs dents... ils ne nous quitteront pas durant trois jours, des centaines de crocos, de caïmans et d'alligators bordent le rio. Une variété d'oiseaux incroyable, des tortues, des singes, des paresseux et un anaconda... c'était le paradis en somme !. Quelques petites fourmis oranges au venin terrible rodaient dans le coin, plusieurs morsures peuvent être mortelles... pas cool !  L'hébergement bien qu'assez sommaire fut très correct compte tenu du milieu, une expédition nocturne nous permit de mater les coquards des crocos by night, et ce n'est pas rien... des lanternes oranges assez impressionnantes. Donato, notre guide, nous déconseilla le tour "Jungle" que nous pensions faire en suivant celui-ci, il avait contracté la lechmaniose là... argg ... un bouton énorme sur son bras, genre verrue, en témoignait, on peut en mourir, même en Europe . Courageux mais pas téméraires nous l'avons suivi dans ses conseils. Anecdote, un soir nous avons dîné avec nos chapeaux de brousse pour cause de pluie de cafards, très fun tout ça ... le petit cafard ici est synonyme de chagas, et ça n'est pas une danse locale du tout mais une maladie mortelle. En tous cas, un tour extraordinaire à refaire et à refaire... Retour à Rurre, sales, fatigués mais heureux, des animaux plein les yeux... 

Alti-Plano

Sucre

    Le départ de Rurrenabaque pour La Paz en avion TAM ( compagnie de l'armée bolivienne ) se passa dans un champ près de Rurre. L'arrivée à La Paz fut très impressionnante, on eut l'impression de se poser sur un mouchoir au fond d'un volcan. Rurre c'est 300 m d'altitude et 34 °C, La Paz c'est 4400 m et 0 ° les bons jours, de quoi couper le souffle ! et ça le coupe... On se jette sur le premier maté de coca qui se présente, puis un autre, puis un autre... arggg, ça commence à nous faire rire, c'est chaud, c'est bon, et c'est autorisé !!! héhé ... ( vivement la légalisation ). Puis pour quatre sous on achète une couverture en polaire au terminal des bus et on s'engouffre dans ... une fournaise !!! le bus-cama est hyper chauffé, pour peu on crut mourir ! On range couvrante, Damart et gros pull vite fait. La Paz - Sucre c'est 14 heures de route, mais là c'est de la route... asphaltée ! pas bien large, mais lisse. Voyage de nuit très éprouvant, la route passe plusieurs cols à plus de 5000 m.

    Sucre est une assez grande cité à 2700 m, ici le climat est serein. Ville universitaire de longue date, elle a une teinte plutôt cool, on aime y traîner longtemps sur sa place, des indiens viennent proposer leur artisanat, toujours sympathiques. Marché très joli en face de notre hôtel, des jus de fruits excellents, nous trouvons le remède miracle pour le zorroche, mal des sommets, le PUNACAP et le ZORROCHEPILL... prévenants, nous en prenons.

Tarabuco

    A 2 heures de mauvaise piste de Sucre dans la montagne, Tarabuco est un tout petit village dans lequel se déroule chaque dimanche un marché authentique et bien agréable. Les indiens viennent ici en camion ou à pied poussant leurs brouettes chargées de tissages ou de victuailles. Assez peu de touristes pour un endroit comme ça, et c'est tant mieux, c'est vrai qu'il faut y venir... 

Potosi

    La route de Sucre à Potosi est bordée de croix au fond des ravins... assez impressionnantes ces courbes à n'en plus finir sur une piste de cailloux. Mais paysages grandioses, entre les deux cordillères les "collines" se suivent entre 3 et 4000 m d'altitude. On arrive à Potosi fatigués mais le plus dur reste à faire, porter le méga sac-à-dos à cette altitude est une épreuve. Nous trouvons un petit hôtel charmant, sans confort bien entendu mais avec un joli patio et surtout plein de couvertures, il fait très froid la nuit ici.

    Potosi, c'est une ville moyenne plutôt agréable au pied du Cero Rico ( 4700m ) , enfin... il a été rico, il n'y a plus d'argent dans ses entrailles depuis des lustres, seuls quelques mineurs s'acharnent à titre individuel, ils font visiter "leur" mine. Ici, les conquistadors ont tué, violé, asservi .... 6 millions d'autres hommes. Un holocauste pour enrichir l'Europe, avec l'argent retiré du Cero Rico on pourrait paver une autoroute à 4 voies de La Paz à Madrid, et il y aurait environ un cadavre tous les 2 mètres... Cool Cool l'espagnol en voyage. Compte tenu d'une histoire pas très claire entre nos rois et reines d'un côté et de l'autre des Pyrénées, les grands "gagnants" de cette histoire sont la France et quelques pays voisins. Heureusement pour les Indiens Incas, Aymaras et Kechuas, le Pape dans sa grande clémence ( non pas sa copine ) a décidé un jour de rosbif mayonnaise à la cantine que si ça se trouvait les Indiens avaient peut-être une âme ... héhé ... "Pas idiot ça" dit son potos Yan le RoiDec, alors on va envoyer des blacks d'Afrique, y'en a plein et en plus Eux n'ont pas d'âme.. non mais !!! Et voila 2 petits millions de noirs enchaînés ... L'histoire aurait pu durer encore longtemps, mais elle s'arrêta faute de minerai, dans les derniers temps ce furent des chevaux puis des machines à vapeur... sans âmes... 

    En d'autres termes, y'a plus rien à gratter du côté de Potosi et si on gratte on risque fort de tomber sur des tombes. Au fait, combien de Juifs sont morts en camps de concentrations ? Amnésie, tu nous sauves !

    La Casa de la Moneda ou le minerai était transformé en pièces et en lingots est presque le seul témoignage de ce massacre. Les pavés portent encore les traces des pieds des esclaves, pour peu on les entendraient gémir sous les coups de fouets. Mais le Bolivien est gentil et la visite proprette. Pas un seul monument aux esclaves dans cette ville, étrange... l'unique stèle du pays se trouve à La Paz, sur la Placa de los  Heroes, au côté de Simon Bolivar. Oui c'est ça, Bolivar -> Bolivie, vous avez droit à revenir en deuxième semaine...

La Paz

    Un cratère de 1500 m de profondeur au milieu d'un cirque dominé par des sommets à plus de 6000 m d'altitude, le massif de l'Illampu, magnifique avec ses neiges éternelles. Une cité d'un million d'habitants, en haut "el alto" les quartiers ouvriers près de l'aéroport, bidon-villes, en bas les quartiers commerçants, le climat y est plus doux. Marchés et banques, plutôt coquet, quelques immeubles cossus font contraste avec des ruelles pentues et malodorantes. La haute ville communique avec la basse ville par des chemins de terre vertigineux. Il y a bien une autoroute, mais elle est payante. Peu de police, chose étonnante, c'est une réalité dans tout le pays. Près du centre, le quartier des sorcières, surprenant, on y trouve des Pachamamas en quantité phénoménale, et tous les ustensiles de la parfaite "bruja". Phoetus de lamas séchés, herbes diverses, "palo sacro", poteries. Les couleurs sacrées de la Pachamama font des arcs-en-ciel partout, ici, ça sent très mauvais mais c'est très beau. Les sorcières nous hèlent pour essayer de vendre quelques grigris, moments inoubliables.

    La Paz est agréable à vivre, les piétons nombreux se fraient un passage à travers les embouteillages constants. Les marchés sont très jolis, propres, nous y avons dégusté un poisson grillé excellent. 

Lac Titikaka

    Le lac des Incas, à 4000 m, une mer intérieure aux eaux glaciales. Frontière naturelle entre Pérou et Bolivie, riche en poissons, il est peu ou pas exploité, pourtant ses truites sont succulentes. Les Indiens s'y rendent souvent pour y célébrer les rites de leur religion. La Sainte Vierge a été confondue avec la Pachamama, c'est peut être cela le synchrétisme religieux, drôle d'alchimie qui consiste depuis des siècles à prendre les images de la religion catholique imposée par les conquistadors tout en gardant précieusement son âme Inca. Au bord du lac, à Copacabana, un rosaire a été substitué à un site religieux Aymara, les indiens viennent ici déposer dans des niches des offrandes ou des miniatures soigneusement enveloppées. La cathédrale de Copacabana a remplacé un temple Inca, celui-ci contenait la plus grosse émeraude du trésor Inca, soupçonnée d'avoir des vertus magiques elle fut éclatée en minuscules morceaux par les prêtres chrétiens. 

    Nous sommes venus ici avec Pablo, un guide de La Paz, personnage extra-terrestre, anarchiste, provocateur, mais une sensibilité à fleur de peau dès qu'il parle de la Pachamama, des Incas, de l'injustice, des enfants, de Sa Bolivie... encore une rencontre inoubliable. Avant de manger il jetait sur le sol quelques gouttes de sa bière en fermant les yeux, évidement avec la moquette... c'est pas possible... A la Pachamama !. Sur l'île du Soleil nous avons vu les restes d'un temple Inca, plein de symbolique.

Salars et Sud Lipez

Salars d'Uyuni

    Uyuni est une ancienne ville minière, donc plutôt pas jolie. Il y fait un froid polaire probablement toute l'année, un vent glacial balaie les rues défoncées. C'est le passage obligé pour se rendre dans les Salars et le Sud Lipez. Pas mal d'agences proposent des tours de 3 à 5 jours pour un prix toujours aussi dérisoire. Pour ceux qui ont du temps, il est possible de faire l'ascension du Licancabur ( 6000 m) ou de traverser la frontière pour le Chili. Nous partons à 5 dans un 4x4 à peu près potable. Le chauffeur est accompagnée de sa copine qui fera la cuisine, ils sont adorables.

    Dès le départ, on en a plein les mirettes, étendu parfaitement plate avec quelques vigognes qui restent éloignées. La piste s'arrête au bord du Salar... et là c'est l'enchantement ! un désert de sel grand comme la Suisse, à perte de vue. Des reflets roses et bleutés, inimaginable, indescriptible vision que celle-ci. Il faudrait un océan de Tequila pour avaler tout ce sel. Ici, dans un petit village, une centaine de personnes vivent encore de la culture du sel.

    L'histoire du sel commence par la pluie sur le Salar, celle-ci fait remonter le sel en surface, l'épaisseur varie de quelques centimètres à quarante mètres, cette croûte reste fragile et nombreux sont les accidents. Des hommes encagoulés  grattent à la pioche la croûte pour en faire des tas qui vont sécher au soleil puis on amène ces tas par camion dans une fabrique que nous visitons. Le sel est séché au feu de bois, on y ajoute de l'iode pour le rendre propre à la consommation humaine, on le met en sachets d'un kilo environ, le tout à la main bien sûr. Bien entendu ce n'est pas rentable... c'est l'OMS et l'UNICEF qui achètent le sel ainsi produit, le marquage sur les paquets est éloquent. S'il fallait avoir un doute sur l'utilité des organisations caritatives, ce doute est levé, souhaitons que cela puisse continuer ainsi longtemps. Drôle de vision que ces ouvriers se rendant en vélo au chantier de culture sur cette étendue blanche, quelque chose d'irréel, une dimension inconnue.

    A 4000 m le soleil tape fort, la réverbération sur le sel immaculé grille tout. Les nuits sont effroyablement froides, on se croirait dans le compartiment freezer d'un réfrigérateur. Au milieu du Salar, un hôtel de Sel, complètement hors du temps, construit exclusivement en briques de sel, nous y avons séjourné, seuls touristes pour déguster avec plaisir au charme du désert. Quelques kilomètres plus loin l'isla del Pescado, couverte de cactus géants aux formes phalliques, seule végétation dans ce coin du Salar. 

    Un jour, ici, il y aura une mine énorme... en effet sous le sel gît la plus grande réserve de lithium  du monde... mais il faudra faire des routes avant. Espérons que ce jour là ne viendra pas.

Sud Lipez

    Le Sud-Lipez c'est la pointe sud de la Bolivie, frontalier du Chili. Nous avons choisi la formule 4 jours, le temps nous est compté, hélas. Laguna bianca, laguna colorada, verde, il y en a de toutes les couleurs ! ... nous voyageons dans un univers magnifiquement encerclé de volcans, de roches irisées, de villages à l'accueil toujours cordial. Colonie de flamands rose James, unique au monde, mouettes dont la présence surprend. On est étonné par la vie qui arrive à persister ici à 4500 m. Des lamas, des vigognes, des alpacas, des chinchillas... Toute une vie autour des lagunes saumâtres. 

    A 5000 m, notre souffle est court mais les geysers ne cessent pas de cracher leurs vapeurs, nous sommes sur la cocotte-minute, les gants en lama ne suffisent pas pour éviter les gelures aux mains. Vision de rêve éveillé aux couleurs aquarelles. Le Licancabur se mire  dans sa lagune, nous restons scotchés devant tant de beauté...

    Rencontres inoubliables encore dans ces petits villages du bout du monde ou nous faisons escale chaque nuit. Un nandou, un jeune lama, c'est comme une carte postale. Des enfants aux pieds nus, oubliés du monde "civilisé", rient et s'amusent en portant un bouquet de trigo ( céréale ) qui servira à faire une soupe riche et très bonne. La mort dans l'âme nous mangeons du lama, pauvre lama... mais c'est très bon. 

    Sur la route du retour vers la civilisation urbaine, nous stoppons à San Fernando, cette ville a été entièrement déplacée pour laisser son ancien site à une mine d'argent. C'est une compagnie canadienne qui exploitera cette mine... Encore la démonstration de l'incroyable gâchis des ressources Boliviennes.

    Depuis Uyuni, nous prenons le train pour Oruro et La Paz, les troupeaux de lamas agitent les bouts de laine sur leurs oreilles pour nous dire...  AU REVOIR...

...  et on y reviendra !

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